Suivi sanitaire et environnemental

A l’image des autres pays de la région, la Mauritanie fait face de façon régulière aux invasions du Criquet pèlerin. Le contrôle de ces invasions nécessite l’utilisation de grandes quantités de produits chimiques néfastes pour l’Homme et son environnement.
Conscient du danger que constitue ces pesticides sur l’écosystème (faunes et flore), le Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA) a mis en place, depuis 1999, un dispositif de suivi sanitaire et environnemental.

Ce dispositif est composé d’équipes pluridisciplinaires chargées du suivi de la santé des personnes impliquées dans les opérations de traitement et toute autre personne exposée aux effets des pesticides. 

Dans le but de maintenir les bonnes pratiques environnementales, le CNLA s’est investi, au cours des dernières années, dans le renforcement des capacités nationales  (équipement et formation continue).

Les produits appartenant aux groupes des Organophosphorés et les Carbamates sont les plus utilisés dans la lutte antiacridienne en Mauritanie et sont responsables de l’inhibition de l’acétylcholinestérase, par la production de l’acétylcholine, qui provoque chez l’homme un blocage du flux nerveux, avec des symptômes de tremblements, vomissements et mort peut s’en suivre, si les soins adéquats ne sont pas apportés à temps.

le suivi sanitaire est une activité de prélèvements sanguins du personnel effectuée avant l’exposition au pesticide appelé le niveau de base (NDB) et par des suivis réguliers après l’utilisation des produits (Suivi) en fonction du cumul de pesticide utilisé. cette activité a été initiée dans le cadre de la coopération entre le CNLA et la FAO par la mise en place de l’équipe OUEST (Quality and Environment Survey Team). Dans ce cadre, il est effectué chaque année, au démarrage des campagnes de lutte, le niveau de base des personnes impliquées aux opérations.

Objectifs du suivi sanitaire

  • établir le niveau de base du personnel impliqué dans la lutte antiacridienne et de concassage des fûts vides ;
  • instaurer un suivi régulier sur la toxicovigilence pour les équipes opérationnelles en période de rémission et/ou de recrudescence du Criquet pèlerin ;
  • établir un rapport périodique de l’activité du suivi du personnel ;
  • améliorer les compétences de l’équipe à travers l’organisation de sessions de formation ;
  • pérenniser l’activité du suivi sanitaire au sein du CNLA.

Méthodologie

Les tests de prélèvements sanguins permettent aux décideurs de prendre les décisions qui s’imposent en cas d’intoxication (retrait ou repos de deux semaines jusqu’à la récupération complète du niveau de base). La limite biologique établie par l’OMS se situe au delà de 30 % d’inhibition du niveau de base (NDB) ou il faudra nécessairement retirer la personne de la source de contamination.

Le suivi sanitaire est doté d’une base de données, mise en place par le Comité de Lutte contre le Criquet pèlerin en Région Occidentale (CLCPRO) appelée Système de Gestion des Analyses Cholinestérasiques (SYGAC) afin d’informatiser la gestion des données de prélèvements. Les données dors et déjà enregistrées dans cette base remontent à l’année 2O04.

suivi sanitaire du CNLA

Prélèvement sanguin équipe concassage / Matériels de test AchE, avec le test- mate OP KIT

Un lot de matériels accompagne cette activité

  • Test- mate OP KIT : C’est un appareil de lecture photométrique mobile adapté au terrain pour les prélèvements sanguins du personnel ;
  • Réactifs AchE : C’est le solvant tampon utilisé pour mélanger le sang à l’aide d’un tube capillaire de 10 µl pour effectuer le test.

Calibrage des appareils de pulvérisation

C’est un aspect important de la lutte antiacridienne qui impose aux applicateurs des pesticides une meilleure utilisation des produits de lutte. Les opérations de calibrage sont répétées plusieurs fois durant la campagne en vue d’obtenir le débit préconisé (en L/mn) pour le produit à utiliser.

Le suivi des effets éco toxicologiques des zones sensibles (humides) et sur les faunes non cibles (insectes utiles) impose des protocoles et des méthodologies de suivis adaptés et exécutés sur le terrain pour évaluer l’impact des pesticides sur l’environnement.

Objectifs du suivi environnemental

  • développer des activités liées au suivi environnemental ;
  • sécuriser et rationaliser l’utilisation des pesticides sur l’environnement ;
  • assurer une évaluation Eco toxicologique, de façon régulière, sur les faunes non cibles après les traitements ;
  • échantillonner des différentes matrices pour les analyses de résidus (sol, eau et végétation) ;
  • analyser et déterminer les espèces au niveau du laboratoire ;
  • piéger et capturer les faunes terrestres ou aquatiques ;
  • caractériser les zones sensibles.

Effets sur les faunes non cibles

Pour évaluer l’impact des pesticides, on s’intéresse à leurs effets néfastes dans l’environnement par la caractérisation de ces composantes biotiques et abiotiques de l’écosystème contaminé et estimer ses modifications structuro-fonctionnelles.

La méthodologie adaptée à ces expérimentations se résume comme suit :

  1. choisir les sites d’expérimentation en l’occurrence la parcelle à traiter et déterminer la superficie infestée ;
  2. délimiter et matérialiser le site par des balises sur les quatre côtés (piquetage et balisage) ;
  3. piqueter et mettre en place le dispositif (papier oléosensible et pots jetables + écrans en zinc) ;
  4. vérifier et contrôler la qualité des appareils de traitement (Test de Calibrage) ;
  5. superviser le traitement avec le respect des paramètres et normes d’application des pesticides (GPS) ;
  6. évaluer la mortalité et passer à l’échantillonnage des différentes matrices qui composent le biotope sur une période de 24 à 96 heures après le traitement (facultatif) en recueillant le sol, la végétation, l’eau et les insectes morts pour le contrôle des résidus au laboratoire. Ces échantillons doivent porter la date, le lieu d’échantillonnage, les heures avant / après Traitement, le code attribué aux échantillons, la localité et le pays selon les besoins de suivi.

Choix de la parcelle témoin

Il est procédé au choix d’une parcelle Témoin identique au biotope traité afin de faire une comparaison sur les effets des pesticides sur la composition des faunes cibles et non cibles avant et après traitement. Des effets aigus et chroniques peuvent être observés sur les différents écosystèmes du fait de la toxicité des pesticides sur les mammifères, oiseaux, poissons, abeilles et autres.

Suivi Ecotoxicologique des zones sensibles

Le suivi écotoxicologique permet d’évaluer les risques environnementaux liés aux opérations de traitement tout en prenant en compte les zones écologiquement sensibles (aires protégés, eaux de surface, zones de cultures à moindre utilisation de pesticides, zone de pâturages). Ces suivis ont pour but de visualiser les traitements et leurs conséquences sur les faunes non cibles en cas de non respect des normes usuelles de pulvérisation.

Méthodologie de suivi

Dans cette approche, il est important de délimiter la zone ciblée et de déterminer le protocole de travail en fonction des différentes informations recueillies. Cette opération permet de quantifier les faunes touchées par le pesticide sur chaque 100 m avec le lancement du quadra au hasard qui permet le choix du carré à compter.

Cette méthodologie passe par les étapes suivantes :  

  • imprimer plusieurs fiches de terrain et le protocole de travail ;
  • identifier une zone à traiter en prenant les coordonnées du site et les zones sensibles aux alentours ;
  • établir un plan de situation de la zone à traiter ;
  • spécifier les zones d’élevage des abeilles (apiculture) à proximité dans un rayon de 3 km autour de la zone traitée, car la dérive peut causer des intoxications si les travaux d’évaluation ne prennent pas en compte ces différents facteurs ;
  • effectuer un traitement dans le site en s’assurant du parfait calibrage de l’appareil et des conditions météorologiques idéales de pulvérisation ;
  • évaluer les impacts environnementaux à partir de 24 h après le traitement avec des moyens de protection adéquats par le choix d’un quadras à l’intérieur du site traité ;
  • compter les insectes tués par le produit et matérialiser la première passe du véhicule en vue de mesurer la dérive sur 300 m environs avec la corde.

Voir aussi

T

Prospections acridiennes

Les prospections acridiennes consistent à recueillir sur le terrain des informations sur les conditions écologiques et sur la situation acridienne. 

Traitements antiacridiens

La stratégie du CNLA repose sur les principes de la lutte préventive qui consistent à mettre en place dès la tombée des pluies un dispositif de surveillance dans les zones habituelles de haute fréquence acridienne

Z

Santé & environnement

Conscient du danger que constitue ces pesticides sur l’écosystème (faunes et flore), le CNLA a mis en place, depuis 1999, un dispositif de suivi sanitaire et environnemental.