Le Criquet pèlerin en Mauritanie
Le Criquet pèlerin, Schistocerca gregaria (Forskål, 1775), est un criquet ravageur qui constitue une menace sérieuse pour les ressources agrosylvopastorales en Mauritanie.
En période de rémission, cet insecte vit en phase solitaire dans des zones sahariennes où la pluviométrie est inférieure à 250 mm/an particulièrement au Sud et au Nord du territoire. Cependant, les aires grégarigènes se situent au sud-ouest du pays et fonctionnement durant la période de reproduction hiverno-printanière essentiellement au niveau de l’Adrar et de l’Inchiri. Par contre, en période d’invasion, l’ensemble du territoire est touché par les essaims et les bandes larvaires.
Les invasions acridiennes ont pour conséquences :
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- Perte de la production agricole ;
- Diminution de pâturage et perte de cheptel ;
- Aggravation de la situation alimentaire ;
- Augmentation de la pauvreté ;
- Migration des agriculteurs vers les centres urbains et bidonvilles ;
- Cascades de conséquences socioéconomiques négatives.
Historique des événements acridiens en Mauritanie
Le problème du Criquet pèlerin est très ancien dans le pays. Les chroniques de la cité de Oualata en font état dès le XVe siècle. Des citations orales, non documentées, indiquent que l’acridien a été consommé par les hommes durant les périodes de famine. Il est naturellement perçu comme une menace pour l’agriculture et les pâturages pour lesquels il est considéré comme une catastrophe par les paysans et les éleveurs, bien qu’ils disent que l’année du Criquet est une année de bien « Am Elkheir » c’est-à-dire de bons pâturages, signifiant par là que le Criquet apparaît et se développe surtout au cours des années de bonne pluviosité.
La Mauritanie a fait face durant les dernières décennies à deux invasions, une recrudescence majeure et plusieurs reproductions d’importance variable, avec des intervalles de deux à trois ans
Des analyses spatiotemporeles ont été réalisées sur les observations acridiennes sur une période de 30 ans ont permis d’établir des cartes de probabilité d’observation de présence des criquets pèlerins en Mauritanie, sur des pas de temps trimestriel (Ould Jaavar 2011)
Conséquences des événements acridiens :
Ces événements acridiens ont des impacts socio-économiques importants sur les ressources agricoles et pastorales. En 2003-2004, les dégâts furent estimés par la FAO à 70 % sur les cultures, avec un impact d’appauvrissement sur plus de 700 000 personnes, malgré les efforts fournis par le pays et ses partenaires (Brader et al. 2006).
Reproduction et fonctionnement des biotopes
D’une manière globale, la reproduction du Criquet pèlerin en Mauritanie qui dépend essentiellement des conditions météorologiques et l’amélioration des conditions écologiques, s’effectue au niveau de trois zones distinctes :
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- zone de reproduction estivale qui couvre la partie sud du pays (régions agro-pastorales) en majorité au sud du 18ème parallèle Nord, et qui fonctionne sous le régime des pluies tropicales à partir de juin et peut s’étaler jusqu’au mois d’octobre ;
- zone de reproduction hiverno-printanière qui couvre la partie nord et nord-ouest : fonctionne selon un régime à tendance méditerranéenne à partir de décembre. Elle peut également fonctionner en mode précoce à partir du mois d’octobre ;
- zone centrale (essentiellement l’Adrar et l’Inchiri), à cheval entre les deux zones estivale et printanière peut fonctionner à partir de septembre en fonction des aléas météorologiques.
Etant donné que le territoire Mauritanien constitue dans son ensemble un habitat quasi-permanent pour les populations acridiennes, des foyers de grégarisation sont identifiés, caractérisées et localisées à travers le pays.
De part sa position géographique, la Mauritanie constitue une plaque tournante entre le Maghreb et le Sahel, ou les populations grégaires se reproduisent et se déplacent soit vers le nord, soit vers le sud, selon les saisons et les conditions aérologiques.
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- au 1er trimestre : le centre-ouest abrite d’importantes reproductions en janvier-février ;
- au 2ème trimestre : en avril-juin, elles sont au Nord mais certaines reproductions ont lieu au Sud ;
- au 3ème trimestre : des populations acridiennes viennent de l’est en juillet et se reproduisent au Sud ;
- au 4ème trimestre : en octobre-décembre, certaines populations descendent vers le sud et se reproduisent au Sénégal, d’autres plus nombreuses remontent progressivement vers le nord du pays.
Voir aussi
Situation acridienne
Avant d’arriver à une situation d’invasion, la situation acridienne passe par plusieurs évènements marqués par la multiplication des effectifs acridiens
Stratégie du centre
La stratégie de lutte à adopter dépend de la situation acridienne et des conditions écologiques qui prévalent ainsi que les prévisions à court et moyen terme
Bulletins d'information
Le Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA) établie régulièrement des bulletins d'information pour éclaircir la situation acridienne